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dimanche 11 septembre 2011

Patrice Mochon, le fondeur frondeur


Figure de la CGT de la Fonderie du Poitou aluminium, Patrice Mochon est de toutes les luttes depuis trente ans. Et, pour lui, celle-ci est la plus dure.

Patrice Mochon : « Ce sera dur de faire reculer la direction mais il y a de l'espoir. »
Patrice Mochon : « Ce sera dur de faire reculer la direction mais il y a de l'espoir. » - (dr)












Jamais un patron ne l'aura vu faiblir. Il aura fallu un pied récalcitrant pour que Patrice Mochon prenne du recul. « L'important, c'est la lutte, il vaut mieux laisser les heures de délégation à ceux qui peuvent les utiliser. » C'est ainsi que l'emblématique délégué syndical de la Fonderie alu d'Ingrandes a laissé son mandat à un de ses camarades. Par la force des choses.
Mais celui qui reste secrétaire de la section CGT est bien décidé à mener ce combat jusqu'au bout et à voir le plan de la direction qui prévoit une baisse des salaires de 25 % enterré. « C'est la lutte la plus dure que j'ai connue,reconnaît-il. Là, on attaque directement le porte-monnaie. Les autres fois, c'était des conflits sur l'organisation du travail, sur la hausse des salaires. C'était nous qui étions porteurs d'une demande. Pas comme cette fois. »
Pourtant, il en a connu des combats Patrice Mochon depuis qu'il est entré aux fonderies - jusqu'en 2002, les fonderies aluminium et fonte n'étaient qu'une seule entreprise - « juste pour quelque temps » un jour de 1984. Il aura juste fallu qu'un chef soupçonneux le voit discuter avec des syndicalistes pour le pousser à adhérer à la centrale cégétiste. Depuis, il y a connu tous les postes et mandats : comité hygiène et sécurité, délégué du personnel, délégué syndical.
Et il aura vu le climat changer. « On se permettait plus de choses à l'époque, on n'avait pas la même réaction patronale. Maintenant quand on séquestre un patron, on est aussitôt devant la justice. Quand j'ai commencé, on n'avait pas trop d'expérience, ça montait très vite. » Et les grèves étaient presque inscrites dans le calendrier annuel. « On n'hésitait pas à faire le coup de poing avec les patrons, on se provoquait. Et quand on reprenait le boulot, c'était fini, on se serrait la main et c'était reparti. »

'' C'est Renault qui a les cartes en main ''
Mais avec une syndicalisation à peine plus haute que les 10 % de la moyenne nationale, les choses sont difficiles. « Ça n'est pas évident de donner envie de se syndiquer, il faut payer tous les mois et les patrons font tout pour pousser à l'individualisme. C'est difficile aujourd'hui. Mais si on gagne cette lutte, on arrivera peut-être à remonter. »
« Un peu pessimiste », Patrice Mochon garde quand même quelque espoir de voir le plan retiré. « C'est Renault qui a les cartes en main, analyse-t-il. Ils ont laissé Montupet nous reprendre en sachant qu'ils feraient le sale boulot. Pour gagner la bataille, il faut que Renault élève la voix et pour que Renault élève la voix, il faut que les politiques mettent les pieds dans le plat. Et que les autres usines du groupe nous suivent. »
C'est tout l'enjeu de la prochaine semaine qui verra Arlette Laguiller, Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet se succéder auprès des fondeurs. A 55 ans, Patrice Mochon compte davantage sur la lutte que sur la retraite pour un avenir meilleur. « On est tous plus ou moins malades. La retraite, à mon avis, je ne la verrai pas. Mais c'est pour tous les jeunes qui sont là qu'il faut se battre. » Jusqu'au bout.
Laurent Gaudens

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