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mercredi 5 décembre 2012

Coop Atlantique d'Ingrandes : " On a été pris pour des pigeons "

Joël Bessonnet a baissé son salaire pour rester à la Coop : « C'est très dur. » Joël Bessonnet a baissé son salaire pour rester à la Coop : « C'est très dur. » - (Photos Patrick Lavaud)
Après l’annonce de la fermeture du site, les 150 salariés de la Coop Atlantique d’Ingrandes ont repris le travail hier. Comme d’habitude ou presque.

A l'entrée des livraisons, le ballet des camions n'a pas changé. Pour la Coop atlantique, qui prépare les commandes des magasins de la région du réseau Système U, le mois de décembre est le plus important.
De l'autre côté de l'entrepôt situé derrière Aigle sur la zone de Saint-Ustre, les salariés suivent les horaires de sortie, comme d'habitude. Ou presque.
 " Ce n'est pas normal car il y a du boulot "
Certains s'arrêtent pour commenter la décision prononcée la veille, à Saintes, lors du comité central d'entreprise. « C'est fini, lâche l'un d'entre eux. Après 36 ans de boîte, des heures sup sans compter, le big bang pour tout faire quand il le fallait, c'est fini. Eux, ils s'en vont les poches pleines, et nous les poches vides. »
En sortant, chacun commente l'ambiance tendue et la crainte de devoir connaître ça pendant encore dix-huit mois, l'entrepôt ne devant fermer qu'en juin 2014. « J'ai déjà connu un PSE il y a trois ans et demi quand le laboratoire de charcuterie a fermé, raconte Joël Bessonnet. J'ai accepté de baisser mon salaire, j'ai perdu 650 €. Après 31 ans d'entreprise, c'est très dur. »
Personne ne veut croire aux promesses faites par la direction la veille : aucun licenciement, des reclassements dans les entrepôts – qui vont eux aussi connaître des plans de sauvegarde de l'emploi – de Limoges et Saintes. D'ailleurs, expliquent-ils, l'après-midi, le document remis aux représentants du personnel fait état de 144 propositions de postes, uniquement en magasins et dans les cafétérias du groupe. « A Jarnac, La Rochelle, ou Bordeaux, tout ça au Smic, et à temps partiel pour 80 % d'entre eux », explique Christian Triphose, délégué syndical CGT du site.
« Je vais retrouver mon agence d'intérim », ironise Aurélien, 28 ans, depuis un an et demi à la Coop Atlantique. « Dans le contexte actuel, ça va être sympa. Tout ça, c'est un peu écœurant. Ce n'est pas normal, car il y a du boulot. Ce n'est pas logique. »
« Les gens sont amers, explique Eric Peronnet, représentant du personnel. On a le sentiment d'avoir été pris pour des pigeons. On nous a tenu des propos dévalorisants, disant qu'on n'était pas bons, tout ça pour permettre la fermeture. On a méprisé les individus, c'est ce qui me révolte le plus. »
 A voir en vidéo sur lanouvellerepublique.fr et centre-presse.fr.
réactions
Jean-Pierre Abelin en " totale opposition "
« Je suis en totale opposition avec ce projet », a réagi Jean-Pierre Abelin. « J'apporte mon soutien aux salariés et je vais me rapprocher des syndicats pour voir quelle est la meilleure façon de les aider. Il faut absolument limiter la casse. »
Claude Bertaud : " C'est gravissime "
« Alors que la Vienne se distingue avec des chiffres du chômage rassurants par rapport aux départements voisins, souligne le président du conseil général Claude Bertaud, on apprend cette décision de fermeture. C'est gravissime pour le Châtelleraudais, qui subit depuis plusieurs années les conséquences de la crise. » Il demande aux responsables du site de tout mettre en œuvre pour permettre aux salariés concernés, « un reclassement dans des conditions les moins pénalisantes possibles pour chacun d'entre eux. Au moment où un travail important est mené sur ce territoire pour accueillir Délipapier, cette décision de fermeture nous inquiète et je demande à l'État de rester vigilant pour que les engagements pris par les responsables du site, soient tenus. »
Laurent Gaudens

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