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vendredi 26 avril 2013

" J'existe et je veux continuer à exister "

Licenciée après un arrêt maladie, Graziella vient de se voir couper l’électricité. Aujourd’hui, elle menace d’entamer une grève de la faim.

Elle ne se laisse pas aller. Graziella Van Der Eyken, 50 ans, est propre sur elle et maquillée comme il faut. Sans doute le réflexe de ses années de travail. « J'ai travaillé dans la même entreprise* pendant 28 ans, lance-t-elle. Et j'aimais mon boulot. »
Peut-être trop. Quand en juillet 2010 elle s'aperçoit que des objets disparaissent sur son lieu de travail, elle en parle à sa direction. Mais, dénoncée par des collègues, l'affaire se retourne contre elle : c'est au commissariat qu'elle doit s'expliquer.
Ne résistant pas à la pression, elle tombe en dépression en septembre et fait une tentative de suicide. Un long arrêt qui la conduit au licenciement en décembre 2011. « On m'a conseillé de ne pas entamer de poursuites », raconte-t-elle. Sans doute pour la protéger.
Seule et sans enfants, elle se retrouve désormais aux Assedic. Et ça ne passe pas. « En mars, j'ai touché 850 €. Une fois retiré mes crédits, il ne me restait plus que 100 €. » Du coup, elle rogne sur tout : sa mutuelle, ses assurances pour la maison ou la voiture et même ses médicaments. « J'ai demandé le RSA et la CMU, mais tant que je suis aux Assedics, ça n'est pas possible. Et je n'ai pas de parents pour me donner un coup de main. »
Alors, elle fait confiance à l'association Saint-Vincent-de-Paul pour manger et à des aides de ses frères et sœurs ou d'amis de temps en temps. « J'écris un courrier au Président, explique-t-elle, sans y mettre plus d'espoir que ça. J'existe et je veux continuer à exister. »
" Je me moque de partir les pieds devant "
Elle dit continuer de chercher du travail. Mais, à 50 ans, on est une senior « et en plus j'ai le statut de travailleur handicapé et ça fait peur ». « Je demande des rendez-vous partout, notamment à la mairie, mais rien ne bouge, ça n'émeut personne. On dirait que je suis atteinte de maladie grave. On me fuit comme la peste. On aide des personnes en-veux-tu-en-voilà qui ont toujours travaillé chez fout-rien, et moi, rien. »
Et, comme un malheur n'arrive rarement seul, l'électricité lui a été coupée la semaine dernière. « Ma santé se dégrade, je suis fatiguée, des fois, j'ai vraiment envie de baisser les bras. » Si rien ne bouge, elle avertit : elle entamera une grève de la faim. « Je me moque de partir les pieds devant. »
(1) Pour ne pas créer de problèmes à sa famille, elle a souhaité ne pas divulguer le nom de son ancien employeur.
Laurent Gaudens

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