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dimanche 29 septembre 2013

Des " amateurs " face à " l'incendie du siècle "

Tous les ans, comme ce matin, une cérémonie a lieu à la caserne. Tous les ans, comme ce matin, une cérémonie a lieu à la caserne. - (Photo archives)
Le 20 août 1949, 82 personnes dont 25 militaires châtelleraudais périssaient dans des landes en feu. Une cérémonie a lieu ce matin. Souvenir.
Le 19 août 1949 restera dans la mémoire de Gabriel Vias. Ce jour-là, il est avec tous ses copains du régiment d'artilleurs à la caserne De Laage – l'ancienne école de gendarmerie aujourd'hui fermée – où il fait son service militaire. A quelques centaines de kilomètres de là, un foyer est signalé à Cestas, en Gironde, à proximité d'une scierie. La chaleur aidant – de nombreux autres incendies se sont produits au cours de cet été-là – le feu prend très vite d'immenses proportions. Allumés parfois de façon peu judicieuse, des contre-feux aggravent ce sinistre qui trouve dans cette zone forestière un aliment de choix.
" On les connaissait tous, c'était des copains "
Cet incendie mobilise plusieurs milliers d'hommes. Des habitants de la région mais aussi des militaires casernés à Bayonne, Bordeaux et des régions voisines. « Les pompiers et les civils étaient débordés », se souvient Gabriel Vias. Le préfet décide alors de réquisitionner 33e Régiment d'Artillerie basé à Châtellerault et à Poitiers. Pourquoi celui-ci ? Pourquoi ne pas avoir fait appel à des pompiers d'autres départements ? Gabriel n'en a aucun souvenir. Et pourtant, ce choix aura des conséquences terribles. « On est arrivé le samedi 20 août en garde Bordeaux à 12 h. A 14 h, on était déjà sur le terrain. » Dans un lieu inconnu, avec du matériel inadapté. « Nous n'avions que des pelles, des choses insignifiantes. Et on n'y connaissait rien. Nous n'étions pas des pompiers, que des artilleurs. Nous, on tirait au canon. »
Face à leur premier incendie, le contingent de la Vienne est séparé en trois groupes. « Moi, j'ai été désigné comme chauffeur de la jeep du lieutenant de Châtellerault. Sans ça, je serais peut-être mort. » A 15 h 30, 1 h 30 à peine après leur arrivée sur le terrain, un des trois groupes se retrouve encerclé par les flammes.
« Certains ont essayé de traverser le feu, ils ont été brûlés. D'autres se sont protégés dans des buses, ils ont été asphyxiés. » On dénombrera 82 morts, dont 25 Châtelleraudais (les Poitevins faisaient partie d'un autre groupe). « On les connaissait tous, c'était des copains. » Les groupes sont aussitôt évacués. « Quand le dernier camion est parti, le goudron de la N10 commençait à brûler. »
Le feu ne sera considéré vraiment éteint que le 27 août 1949. Il sera même fait appel à des pompiers de la Royal Air Force. Pour Gabriel Vias, ce jour-là est forcément inoubliable. Installé à Bordeaux, celui qui est devenu le président de l'amicale du 33e RA fera aujourd'hui le voyage à Châtellerault, comme tous les ans. Pour se souvenir, encore une fois. « On était des amateurs, on n'était pas du métier. »
Aujourd'hui dimanche, 10 h 45, rassemblement puis cérémonie devant la caserne De Laage.
Laurent Gaudens

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