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jeudi 16 janvier 2014

" Contractions " : jusqu'où aller pour garder son boulot

 
India Hair, Julie Moulier, les deux actrices, et Anne Théron, la metteure en scène, au Théâtre Blossac.
Depuis lundi, les 3T accueillent leur première création, “ Contractions ”. Rencontre avec la metteure en scène et les deux actrices.
Pourquoi avoir choisi d'adapter Mike Bartlett, un jeune auteur anglais pas très connu ?
Anne Théron : « Je voulais un texte avec peu de personnages. Mon envie était de travailler sur la direction d'acteurs avec un objet simple. Je cherchais un texte avec deux personnages et on m'a parlé de ce texte. Quand je l'ai lu, ça a été une évidence. Il y a un motif social qui glisse progressivement vers quelque chose qui ressemble à une série B. »
Qu'est-ce que raconte " Contractions " ?
A.T. : « En 1 heure et quatorze scènes, on voit comment un être humain se fait vider de sa substance par un autre être humain. L'une est la manager d'un gros groupe, l'autre, celle qui se fait vider de sa substance, est une employée. C'est passionnant, c'est le combat de deux animaux, l'un qui tente de survivre, l'autre qui accomplit ce pour quoi il a décidé d'être fait. »
" On fait le pari que les gens sortiront du théâtre, en se disant « whaouh » "
Ça ne donne pas une mauvaise image de créer un spectacle dans une ville comme Châtellerault alors qu'on va le jouer ensuite à Paris ?
A.T. : « Je me tape le c… de l'endroit où je crée. Moi, ce dont j'ai besoin, c'est avant tout d'un théâtre pour pouvoir mener une création. Et, en fait, il y a très peu de créations qui se font à Paris parce que les théâtres parisiens n'ont pas le temps de le faire. »
Julie Moulier : « Pour nous, c'est plutôt positif. On fait sa valise, on est loin de chez soi. On est uniquement là pour travailler. »
Quand on est acteur, quel plaisir trouve-t-on à interpréter un texte si dur ?
J.M. : « Quand on ne regarde que les phrases, on pourrait croire qu'il ne se passe rien. Or, il y a deux êtres qui se jaugent, avec une langue très choisie. C'est ce fossé qui me passionne. »
India Hair : « Tout part vraiment des mots avec ce texte. Il y a des êtres qui se croisent, se mélangent et s'affrontent. C'est un jeu de ping-pong. Il faut trouver l'instinct de ces rythmes-là. On a eu la chance, pour cela, d'avoir les costumes très tôt, et une metteure en scène qui nous aide beaucoup. »
Vous allez faire une lecture aujourd'hui à la médiathèque, est-ce un exercice difficile ?
A.T. : « Non pas vraiment. Le texte est magnifique et il passera très bien en lecture. Et puis, on ne va pas faire tout le texte. Ce sera comme pour les articles du Monde, il faudra payer pour voir la suite. »
Qu'est-ce que vous attendez de la première à Châtellerault programmée le 30 janvier ?
A.T. : « Que le public se déplace et vienne payer sa place, c'est déjà beaucoup. Il y découvrira un objet étrange, ce n'est pas du réalisme social, pas une pièce syndicale. On fait le pari que les gens sortiront du théâtre, en se disant " whaouh ". C'est une pièce qui interroge, qui pose de vraies questions : jusqu'où est-on capable d'aller pour conserver son job ? »
Lecture ce soir par Julie Moulier et India Hair, médiathèque, place Dupleix, à 19 h. Spectacle le 30 janvier au Théâtre Blossac à 20 h 30.
Propos recueillis par Laurent Gaudens

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