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samedi 1 novembre 2014

Une vie au cimetière

 
Jacky et Olivier René, conservateurs des cimetières châtelleraudais.
A Châtellerault, les cimetières sont une affaire de famille. Père et fils en sont en effet les conservateurs.
N'allez pas vous creuser la tête : si vous trouvez un air de famille entre Jacky, conservateur du cimetière Châteauneuf et Olivier, conservateur de celui de Saint-Jacques, vous n'avez pas la berlue, ils sont tout simplement père et fils.
Et la charge de gardien de cimetière qui échoit à la famille René ne date pas d'hier : c'est en mars 1936 que Marcel René, père de Jacky, ouvre la dynastie en devenant le conservateur du cimetière de Châteauneuf. « La place était vacante, rappelle Jacky. Mon père travaillait à l'état civil à la mairie, le maire Louis Ripault lui a proposé. »
" Ce qu'on n'aime pas c'est quand c'est des jeunes "
C'est ainsi que la famille René prend possession de la conciergerie du cimetière Châteauneuf, le plus grand de la ville. C'est là que seront éduqués les cinq frères et sœurs, entre pierres tombales et fleurs en plastique. « C'est ici que je suis né, souligne Jacky. C'était pas à l'hôpital comme aujourd'hui. »
Et quand le père prend sa retraite en 1970 à 71 ans – il mourra l'année suivante – c'est tout naturellement son fils Jacky qui assure la suite. « J'avais été élevé dedans. Je voyais comment ça se passait. » Aujourd'hui âgé de 66 ans, il ne regrette pas d'avoir suivi la voie paternelle. « On a des relations avec les familles. On est là pour les écouter. Par la suite, on s'en fait des amis. » Entretien des cimetières (1), présence lors des enterrements, aide aux marbriers… les missions des conservateurs sont multiples et nombreuses sur les six cimetières de la ville (2).
Une charge dans laquelle il est désormais aidé par son propre fils Olivier depuis 2004, installé pour sa part à la conciergerie du cimetière Saint-Jacques. « Je le faisais déjà avant avec mon père, j'aime travailler dehors et puis c'est un métier un peu solitaire. »
Et d'être au contact au quotidien avec les morts, ça n'est pas un peu dur ? « Il faut faire abstraction, sinon on ne tiendrait pas, répondent-ils en chœur. Ce qu'on n'aime pas c'est quand c'est des jeunes ou quand on connaît la famille. »
Jacky espère bien « aller jusqu'à 70-71 ans » l'âge où son père a arrêté. Le temps d'attendre une quatrième génération ? Des quatre enfants d'Olivier, aucun n'a pourtant annoncé vouloir prendre la suite. Mais certains viennent déjà gratter la terre du cimetière derrière Olivier. Dans l'ombre.
(1) Ils sont aujourd'hui aidés par le service Cadre de vie et le centre social des Minimes. (2) Châteauneuf, Saint-Jacques, Nord, Nonnes, Antoigné, Targé.
Laurent Gaudens

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